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Cyclisme aux JO 2024 : comment Amir Ansari, Afghan exilé en Suède, a préparé sa course dans la clandestinité

Comment construit-on une carrière d’olympien avec la peur d’être, un jour, renvoyé dans un pays qui vous promet la mort après un contrôle dans la rue ou, pourquoi pas, au départ d’une course cycliste ? Rares sont ceux qui peuvent en parler. Il y a Giannis Antetokounmpo, la star du basket mondial qui grandit, avec ses parents nigérians, dans la clandestinité en Grèce, avant de devenir le porte-drapeau de ce pays à Paris. Et il y a, moins connu, Amir Ansari, issu d’une famille afghane, né dans un camp de réfugiés en Iran, exilé jusqu’en Suède, où il a construit une carrière de coureur pour s’intégrer autant qu’échapper à la mort.
Durant sept ans, malgré la persécution centenaire dont son ethnie fait l’objet, il a espéré obtenir l’asile, tout en poursuivant son rêve sportif avec un entraîneur français, Pierre Moncorgé. Il a touché ce rêve à Paris, grâce à l’équipe olympique des réfugiés, lors du contre-la-montre individuel, samedi 27 juillet. Où la priorité a surtout été d’éviter la chute en mondovision dans un virage détrempé… tout en finissant à plus de 4 minutes du vainqueur, le Belge Remco Evenepoel, mais à six secondes du maillot vert du dernier Tour de France, Biniam Girmay, et devant un autre coureur professionnel.
« Venir de si loin, être resté sans papiers pendant des années, avoir quasiment renoncé à vivre et être finalement invité aux Jeux olympiques [de Paris], c’est indescriptible », s’extasie Amir Ansari, de retour en Suède, mais qui s’offrira le trajet jusqu’en France pour assister à la cérémonie de clôture, le dimanche 11 août.
Détenteur, depuis 2022, d’un titre de séjour provisoire, qui expirera en 2025, il est autorisé à se déplacer dans l’Union européenne. Jusqu’alors, il ne pouvait être soigné que clandestinement après une chute en course et devait regarder ses camarades du Stockholm Cykelklubb partir rouler sous le soleil espagnol l’hiver et progresser sans lui dans des courses en Scandinavie.
Avant la Suède et les Jeux, Amir Ansari avait connu le parcours tristement classique d’un réfugié. La persécution – un génocide, soutiennent les associations – dans son pays de naissance : la minorité hazara, chiite dans un pays sunnite, que les traits physiques hérités des Mongols rendent aisément reconnaissable, est la cible régulière d’attentats commis par les talibans, puis, à l’époque de son départ, par l’organisation Etat islamique. L’exil sur demande de la famille, Amir étant l’aîné (16 ans) et le plus à même de survivre à une traversée en bateau pneumatique, bus, voiture, à pied dans la neige – jamais à vélo – à travers l’Iran, la Turquie puis l’Europe, via l’île grecque de Lesbos.
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